ÉDITO

 
       
       
 

Cher Public,


Savez-vous que 2011 est l'Année des Outre-mer français ?
Non ! Comment est-ce possible ? Pourtant cet événement national a été annoncé dès janvier 2011, relayé par la Presse Nationale. Il est vrai que la presse régionale a brillé par son absence. Nous déplorons de même que les événements illustrant cette « Année 2011 » soient aussi demeurés très parisiens.

Après les manifestations qui ont secoué nos régions d'Outre mer en 2010, mettant en lumières leur statut spécifique, les Etats Généraux qui ont suivi, laissaient espérer légitimement de grands bouleversements, du moins la résolution des attentes légitimes des Français d'Outre-Mer.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Il semble que l'une des conséquences directes de ces réflexions, soit ce coup de projecteur annuel, exceptionnel et unique sur les cultures de nos territoires ultra marins.
Pourquoi pas ? Dès lors qu'il peut s'inscrire dans une véritable politique culturelle vis-à-vis de l'Outre-mer en lien avec la problématique de la continuité territoriale.

 
     
 

En région PACA, un certain scepticisme a régné au sein des associations, pourtant, elles se sont attelées à faire remonter de beaux projets. Et alors ? Les propositions qui ont eu l'honneur et le privilège, d'attirer un regard bienveillant ont été labellisées, d'autres un peu plus chanceuses - ce fut notre cas - ont reçu une subvention inférieure à celle attribuée habituellement. Toutefois, cela explique, seulement en partie, le grand calme de cette année en Région Provence-Alpes-Côte d'Azur. En effet, il est trop facile de se plaindre de cette attitude centraliste récurrente. Nos collectivités locales ont-elles accompagné cette volonté nationale? Non ou si peu. Rares sont les villes qui s'en sont fait l'écho. L'Outre-mer et ses ressortissants ne semblent pas être la priorité des élus de notre territoire.

Nous vivons une époque formidable !
L'élan associatif est de plus en plus mis à mal. Il est demandé, voire de plus en plus exigé, que les projets culturels associatifs soient irréprochables sur le plan de la qualité artistique. Comment sont-t-ils accompagnés? Par l'attribution de label ; « Sois Label et tais toi ! ».

Les Artistes d'Outre-mer, sont des Artistes à part entière. Pourquoi systématiquement devrions-nous leur demander de revoir à la baisse leurs prétentions financières au coût plancher? Pourquoi devrions-nous leur demander de rechercher des fonds pour prendre en charge leurs frais de voyages vers la métropole ?
Il est très difficile d'obtenir de véritables partenariats avec les théâtres de notre région pour lesquels la problématique de la diversité culturelle, qui pourtant constitue notre socle commun, n'est pas une priorité. Et, lorsque nous élaborons ces partenariats, ils sont fragilisés et souvent annulés, faute de réponses rapides des tutelles sollicitées financièrement.
Vous l'aurez compris, Cher public et amis de l'Outre-mer, l'heure des bilans de cette belle opération médiatique est proche et beaucoup d'incompréhensions demeurent.

Pour l'instant l'heure est à la fête. Retrouvons-nous autour de ces artistes généreux et talentueux pour saluer l'Outre-mer. Nous souhaitons dédier cette 7ème édition de La Mangrove à l'écrivain, poète et essayiste martiniquais, Edouard Glissant, décédé le 3 février dernier. Nous vous invitons le 6 décembre à honorer sa mémoire autour du film documentaire de Guy Deslauriers. Par ailleurs, préférant de beaucoup rendre aux personnalités des hommages non posthumes, c'est avec beaucoup d'émotion et de fierté que nous accueillerons le 19 novembre la réalisatrice Euzhan Palcy, dont le travail talentueux et engagé a permis notamment de réparer l'injustice faite aux dissidents antillais qui avaient répondu le 18 juin 1940 à l'appel du Général De Gaulle.

Le programme éclectique qui vous a été concocté, met l'accent tout particulièrement sur la musique et la danse, complices de toujours dans nos cultures. L'Outre-mer a des choses à dire, et elles sont dites dans le langage subtil de la danse et ses multiples facettes. Bienvenue à Mayotte dont nous vous invitons à découvrir, entre autres, les cérémonies traditionnelles de Chigoma et de M'Biwi. Nombre de créations sont portées par des femmes. « POTO MITAN* » de nos sociétés ultra marines, elles ont choisi pourtant la complicité des hommes pour interpeller et construire des lendemains meilleurs.

Merci à tous nos invités et à la foi qu'ils gardent malgré tous les écueils. Merci à la collectivité Région Martinique qui encore cette année soutient notre festival. Merci à vous tous d'être de plus en plus nombreux à nous rejoindre. Nos îles sont généreuses et le partage est une tradition. Nous vous convions à danser avec nous. Le « bal konsèr » du 2 octobre à la Foire de Marseille, orchestré par la Compagnie Difé Kako, avec le concours d'associations de notre région, promet d'être un moment convivial et chaleureux.

Laissez vous emporter, Cher public, par ce tourbillon ultra marin qui a la force des cyclones et la délicatesse des premières rencontres.

Bon festival à tous !

Marie - Christine OBERLINKELS - ELIE


 
  * Socle  
     
     

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