HOMMAGE à EUZHAN PALCY
 
     
  Samedi 19 Novembre à 20h00
Sous le haut patronage de Hugues Parant, préfet de la région PACA, préfet des Bouches-du-Rhône,
Le Festival La Mangrove a le plaisir de vous convier à l'hommage rendu à
EUZHAN PALCY
Scénariste - Réalisatrice - Productrice
Projection du film documentaire
PARCOURS DE DISSIDENTS
JMJ Productions - France - 88'
"La dissidence en Martinique et en Guadeloupe"
Exposition réalisée par l'ONACVG
BIBLIOTHÈQUE L'ALCAZAR
58 cours belsunce
13001 Marseille
Attention, places limitées. Merci de confirmer votre présence au 04 91 53 11 28 ou 09 64 40 16 98
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Peu de temps après la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne en septembre 1939, l'Amiral Robert est nommé Haut Commissaire de la République aux Antilles et en Guyane française par le Ministre des colonies, Georges Mandel.

La défaite française de juin 1940 et le vote des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, marquent le début d'une politique très autoritaire en Martinique, vécue par certains insulaires comme une véritable dictature. De 1940 à 1943, l'Amiral Robert, qui incarne l'austérité de cette période, va qualifier de"dissidents" les rebelles au régime de Vichy. Ces "dissidents", jeunes gens de 16 à 20 ans (garçons et filles) font preuve de bravoure et de témérité dans leur acte dicté par un pur sentiment patriotique.

Sur un total d'environ trente mille soldats des Forces Françaises Libres (FFL) c'est-à-dire de soldats qui se sont battus pour une France libre aux côtés du Général De Gaulle, on peut compter deux mille cinq cents soldats antillais, provenant pratiquement pour moitié de la Martinique et de la Guadeloupe.

 
     
 
Le parcours de ces jeunes Martiniquais et Guadeloupéens pour participer à la Seconde Guerre Mondiale représente un véritable périple autour du monde. Après avoir fui leurs îles, bravé les eaux meurtrières de l'Atlantique ainsi que les violences du système répressif de l'Amiral, les survivants sont expédiés depuis les îles anglaises voisines - Dominique, Ste Lucie ou Trinidad - vers le camp d'entraînement de Fort Dix aux Etats-Unis. Ils traversent ensuite l'Atlantique pour aller en Afrique du Nord : Maroc, Algérie, Tunisie. La guerre commence pour les dissidents avec la campagne d'Italie et se poursuit jusqu'au débarquement en Provence. En France, ils sont de tous les combats : Vosges, poches de l'Atlantique, Alsace... et ce jusqu'à la Libération. Les dissidents antillais ont passé un total de douze mois au front avec un séjour de détente de dix jours, soit 350 jours de front non stop.

Par le truchement du souvenir, recueilli auprès d'anciens dissidents, le film reconstitue le long périple de cette épopée dissidente, complètement absente de l'histoire de France.
 
     
     
 

Lettre ouverte
18 juin 1940

A l'Appel du Général de Gaulle, une armée d'adolescents, filles et garçons, hommes jeunes et moins jeunes, riches et pauvres, abasourdis par la défaite de la « mère patrie », laissent tout derrière eux. Ils se lèvent, quittent parents
et fiancé(e)s, femmes et patrons dans leurs « îles paradisiaques » de Martinique et Guadeloupe quadrillées par 5 000 marins aux ordres de l'Amiral Robert.

Ce Haut Commissaire nommé en 1939 par George Mandel devient gardien de l'ordre fasciste du Maréchal Pétain et du fabuleux trésor de guerre conservé sur l'île de Martinique : 300 tonnes d'or de la Banque de France, 125 bombardiers et trois pétroliers.

A l'Appel de celui qu'ils surnomment « Général Micro », ces volontaires téméraires, patriotes de la première heure quittent tout pour aller sauver la France, ballottés dans de frêles esquifs, par les immenses vagues des Canaux des îles anglaises de la Dominique et de Ste Lucie, points de rencontre meurtriers de l'océan Atlantique et de la mer chaude des Caraïbes.
Ils débarquent, pour les rescapés, sur ces îles anglaises avant d'être envoyés en Amérique où ils sont accueillis comme des frères à Harlem et transformés en soldats dans le plus grand camp d'entraînement des Etats-Unis : Fort Dix
New-Jersey.

Des champs de cannes aux champs de bataille aux champs de lavande aux champs de raisins, au milieu des sifflements stridents des bombes et des balles traçantes, cette part de France méconnue, porteuse de chants créoles et de la Croix de Loraine combat aux premières heures du soulèvement, pour la liberté.

Ils sont, ces braves, sur tous les fronts de la guerre, en Afrique du Nord, en France, de la Provence à la Normandie, des Vosges à l'Italie, en Allemagne, 350 jours par an non-stop. Ils portent l'uniforme américain de Fort Dix et le brassard de la prestigieuse 1ère Division des Forces Françaises Libres : Ce sont les Dissidents, près de 5 000 jeunes gens de Martinique et Guadeloupe premiers au front, derniers libérés.
Premiers combattants, derniers dans l'Histoire, occultés durant 64 ans par cette France qu'ils ont sauvée.

25 juin 2009
Après avoir honoré un devoir de mémoire en consacrant à ces résistants oubliés, un documentaire de 88 minutes « PARCOURS DE DISSIDENTS » narré par Gérard Depardieu, je me suis battue pour que la France, notre pays, honore ses valeureux combattants.

Finalement, le 25 juin 2009, 64 ans après la fin de la guerre, Le Président de la République accompagné d'un détachement de la Garde Républicaine se rend à la Martinique et reconnaît dans un discours marquant qu'il s'agit, « de réparer une injustice, d'honorer une page injustement oubliée de notre histoire nationale ».

Les Dissidents sont enfin décorés de la Légion d'Honneur. Le décret est passé et stipule qu'il se manifeste le lendemain, ou dans dix ans, quel que soit l'endroit, quel que soit le village où il réside en outremer, ou en France métropolitaine, le Dissident pourra désormais recevoir sa Légion d'Honneur. Oui sa Légion d'Honneur enfin, notre pays France qui ne connaît toujours pas l'histoire de ceux qui ont connu l'oppression qu'ils ont haïe autant pour eux que pour leurs frères et soeurs de métropole, l'histoire de ces Antillais, ces Français pour lesquels aucune mer, aucune houle, aucune distance n'est trop
grande quand la patrie est en danger.

Mais hélas l'histoire fondatrice de notre nation est soumise aux moindres aléas des faits divers car aujourd'hui, sur les 63 millions de Français, combien en métropole, sont au fait de cette histoire et de cette reconnaissance nationale ?

Sans « connaissance » comment peut-il y avoir « reconnaissance ? » Mais je sais, en tant que cinéaste d'expérience que rien ne peut surpasser le témoignage vivant, le témoignage filmé et diffusé du vivant des protagonistes. Rien ne peut surpasser l'événement opportun de la rencontre d'un peuple avec son histoire.

Nous voulons que la France embrasse son histoire, nous souhaitons ardemment vivre ensemble et que chacun dans cette France puisse être reconnu de part les qualités qui sont les siennes à commencer par ceux qui ont donné ou
risqué leur vie pour que nous soyons aujourd'hui libres.

Euzhan Palcy

 
     
     
  "Euzhan Palcy s'est imposée à moi comme preuve que de grands réalisateurs peuvent venir de n'importe où, mais qu'ils doivent savoir qu'ils sont grands et croire en eux." Roger Ebert